Dark patterns, bulles de filtres et algorithmes, une promenade numérique plus vraiment choisie
Des mécanismes très pointus sont mis au point par les designer·euses et développeur·euses de ses services numériques : darks patterns et autres algorithmes. Ces mécanismes renforcent l’attractivité des contenus, poussent l’utilisateur·rice à la consommation et augmentent de manière significative le temps d’écran.
Comme l’évoquait le professeur Dominique Boullier lors de l’épisode précédent : une partie de notre environnement numérique est pensé et développé dans le but de happer notre temps et notre attention. Plus nous passons de temps en ligne et interagissons avec le contenu proposé, plus nous laissons des traces. Ces traces sont l’or noir des plateformes dont le business model repose sur la vente d’espaces publicitaires. La récolte de nos moindres agissements vise à dresser des portraits robots (plus ou moins ressemblants) de notre alter-ego numérique, réduit à sa simple expression de consommateur ; garantir aux annonceurs le déploiement de campagnes ciblées ; et leur fournir une masse d’indicateurs de performance, tels que le temps passé à consulter une page, le taux d’ouverture des mails, ou l’analyse du cheminement de la souris.
L’arme la plus subversive de ces plateformes est leur extrême facilité d’usage qui les a rendu indispensables. Indispensables pour les utilisateur·rices dont la crainte est de manquer une information, une nouvelle, un événement ; indispensables pour les marques et les annonceurs qui se voient proposer une offre clé en main, apparemment performante et sur mesure.
L’utilisateur·rice s’inscrit alors dans un véritable dispositif dont il est extrêmement difficile de s’extraire seul, et qui s’applique à capter, analyser, et transformer en opportunité de vente chaque like, chaque clic. C’est ici que les marques ont un rôle à jouer, en réfléchissant à des manières alternatives de toucher leur audience, en établissant un lien riche et durable et en refusant la rencontre artificielle entre leur offre et des internautes trop bien ciblés. Si le choix ultime de cliquer, d’acheter reste entre les doigts des individus, tout est mis en place en amont pour simplifier les parcours (on peut penser au swipe up sur Instagram), masquer les contradictions (des algorithmes de suggestions de contenus tendent à proposer du contenu en adéquation avec l’idéologie de l’internaute, donnant lieu aux fameuses “bulles de filtre” pointées du doigt notamment dans la propagation des fake news) et pousser à l’achat. Parce qu’elles usent de nos propriétés physiologiques de notre cognition (prévalence du régime attentionnel d’alerte, recherche de validation sociale, etc.) ces techniques deviennent quasi-imparables.
Cartes à jouer
Nous avons mené pour vous une exploration dans la forêt dense du web, peuplé de scroll infini, d’auto plays et autres darks patterns afin de vous en donner aujourd’hui les clés pour les décrypter : où les trouver, comment les reconnaître et ainsi mieux apprendre à les déjouer. Encore mieux : en tant qu’éditeur·rice ou créateur·rice de contenu, comment s’en emparer pour les utiliser à bon escient ?
Classés en deux catégories, nous avons illustré ces éléments sous forme de cartes à jouer : les Mécas (mécaniques UX) et les Algos (les principes algorithmiques).
Exemple 1
Le Bulleur, cherche à faire rester l’utilisateur·rice le plus longtemps possible sur le site qu’il sert. Renforcé par L’Eternitrice, ils le plongent dans le limbes de l’infini.
Vous pouvez vous munir de La Chronomètre pour mieux réguler le temps passé sur un contenu en particulier, afin de préserver votre attention.
Exemple 2
Découvrez nos huit cartes ( 4 Algorithmes, 4 Mécaniques UX) qui vous permettront de mieux comprendre et utiliser ces principes, afin de communiquer efficacement et dans le respect de l’attention des utilisateurs.